Quand le « potentiel » devient un poids : réflexions sur ces enfants qu'on ne comprend pas

Lors de mes séances, il m'arrive d’accueillir des enfants que l’on qualifie ,parfois maladroitement , « d’enfants à haut potentiel ». Rien que ce terme fait déjà grincer des dents. Il évoque une forme d’exception, presque une supériorité, alors qu’en réalité, il est bien plus souvent associé à une grande souffrance.

Derrière ce mot fourre-tout se cache une diversité d’enfants : certains sont en avance sur le plan intellectuel, d’autres présentent une hypersensibilité, une lucidité vertigineuse sur le monde, une anxiété écrasante, ou encore une créativité débordante, mal canalisée. Ils ne rentrent pas dans les cases. Ces enfants ont une manière singulière de se connecter au monde. Ils perçoivent finement. Ils réagissent vivement. Ce sont des enfants câblés différemment, émotionnellement, intellectuellement, sensoriellement. Comme s’ils captaient des fréquences que d’autres n’entendent pas. Et le système scolaire, malgré les discours d’inclusion, a encore du mal à s’adapter à ces profils atypiques.

Des enfants « trop » pour l’école

Certains parents arrivent chez moi épuisés. Ils m’expliquent que leur enfant a été étiqueté comme insolent, distrait, agité, ingérable… Parfois même exclu. Loin du cliché de l’élève premier de la classe, obéissant et passionné, on découvre des enfants en rejet, parfois phobiques scolaires, ou en décrochage massif.

Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas apprendre. C’est qu’ils ne peuvent plus. Trop d’ennui. Trop d’incompréhensions. Trop d’injustices ressenties. Trop peu de reconnaissance de leur singularité.

Je pense souvent aux travaux d’Olivier Revol, neuropsychiatre et spécialiste des enfants « à besoins éducatifs particuliers ». Lors d’une conférence que j’ai suivie récemment, il a dit quelque chose qui m’a marquée :

« Ce sont des enfants qui peuvent apprendre très vite… à condition qu’on les écoute lentement. »

Et si tout était là ? Dans cette capacité que nous avons, adultes, à ralentir pour mieux les entendre ? À sortir du schéma binaire de la réussite ou de l’échec, pour aller explorer avec eux d’autres voies, plus souples, plus sensibles, plus vivantes ?

Des parents souvent seuls dans la tempête

Les parents, eux aussi, se retrouvent souvent en errance. On les accuse de surprotéger, de projeter, de mal éduquer. Et pourtant, ils essaient. Ils lisent, consultent, adaptent, changent d’école parfois, au prix de grands sacrifices. Ce que j’entends souvent, c’est une phrase comme :

« Je sens qu’il y a quelque chose de particulier chez mon enfant… mais je ne sais plus comment l’aider. »

C’est là que l’accompagnement peut faire sens. Non pas pour « réparer » l’enfant, mais pour rétablir des liens, redonner du sens, du souffle. Offrir un espace de décompression, d’exploration. Parfois, il suffit de peu : un regard qui ne juge pas, une reconnaissance du vécu de l’enfant, une autorisation à être différent.

Un potentiel qui ne demande qu’à s’épanouir

Je n’aime pas parler de « potentiel » comme d’une étiquette. Je préfère parler de chemin. De rencontres. D’ajustements. D’humanité. Ces enfants n’ont pas besoin qu’on les classe, mais qu’on les comprenne. Pas qu’on les pousse, mais qu’on les accompagne. Pas qu’on les normalise, mais qu’on valorise leur singularité.

Et surtout, qu’on arrête de croire que leur intelligence , quelle qu’elle soit ,les mettra à l’abri de la souffrance. Elle est parfois leur plus grande fragilité.

Vous êtes parent d’un enfant qui vous semble « trop » , trop intense, trop différent, trop en difficulté , sachez que vous n’êtes pas seuls. Il existe des professionnels, des ressources, des espaces pour vous soutenir. Ce que vous vivez est légitime. Et il est possible d’inventer d’autres manières d’apprendre, d’aimer, et de grandir ensemble.

Pour aller plus loin

Si ce sujet vous parle, si vous êtes parent, enseignant, thérapeute, ou simplement curieux, je vous invite à regarder cette vidéo d’Olivier Revol. Il y explique avec clarté et humanité les enjeux des enfants à haut potentiel, leur souffrance invisible, et surtout… leur besoin de lien, de confiance, de sécurité.

Topilin Sandrine

Thérapeute clairvoyante/ accompagnement/thérapie holistique/aide 

http://topilin.fr
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